musique-et-cinema-quand-alex-kapranos-et-mulatu-astake-rendent-hommage-a-jim-jarmusch

Nous sommes le samedi 3 décembre 2016, il fait un froid glacial dans les rues de Paris. Un froid rare pour cette période de l’année. C’est à cette date néanmoins que dans une Philarmonie de Paris bien plus chaude se jouae un concert extra-ordinaire dans le cadre du week-end des musiques à l’image. Le principe de cette soirée? Rendre hommage aux bandes sons qui ont su sublimer l’œuvre du cinéaste américain indépendant Jim Jarmusch. Considéré comme le cinéaste le plus musical de la planète si l’on en croit le dossier de presse, ce grand monsieur a notamment réalisé «Down by the law» ou encore «Coffee and Cigarettes».

Pour orchestrer l’événement baptisé « Jim Jarmusch revisited » le britannique multi-instrumentiste David Coulter a accepté de jouer le maître de cérémonie.

A 20 heures 30 pétante c’est face à un public assis qu’un spectacle d’une heure trente débute. Derrière un rideau blanc, les formes de la belle Camille O’Sullivan se dessinent. Une voix de velours berce alors l’assemblée. Avec ses bottes à paillettes et une voix profondément rock capable de monter dans des sommets rares, la belle donne le ton: seuls les plus grands sont conviés.

Accompagnés de musiciens de haut-vol, les chanteurs et les morceaux vont s’enchaîner avec une précision digne d’un papier à musique. En fond de salle, guitare, piano, percussions, saxophone, violons, scie musicale et même banjo tenu comme un fusil vont mitrailler leurs coups d’éclats. Ces hommes de l’ombre, pas vraiment de l’ombre cette fois, ajoutent à cette envie claire de perfection donnée par David Coulter qui effectue des prouesses à la guitare mais pas que.

musique-et-cinema-quand-alex-kapranos-et-mulatu-astake-rendent-hommage-a-jim-jarmusch-alex-kapranos

Sur des titres profondément rock, nos petits génies transportent une salle bien installée dans l’Amérique profonde. On pense à ces pianos bars que l’on voit au cinéma, on pense au créatures de rêves dans des robes de cocktails comme à un road trip à chaque vibration des instruments. Une répartition équitable permet à chaque chanteur d’avoir sa place. Ainsi Jolie Holland, seconde figure féminine de la soirée offre à un public déjà conquis des prouesses vocales qui laissent bouche bée. Côté public d’ailleurs, on ose à peine bouger alors que les notes nous bercent et nous transportent. Adele n’a qu’à se rhabiller.

musique-et-cinema-quand-alex-kapranos-et-mulatu-astake-rendent-hommage-a-jim-jarmusch-mulatu-astakeLes hommes sont aussi de la partie, clairement plus rock Sam Amidon et ses cheveux bouclés sent bon le rock’n’roll sudiste. Un brin intellectuel ce rock là est fait de talent musical et de précision. Alex Kapranos, connu pour être le leader de Franz Ferdinand, devient un dandy sous les spots de la salle moderne parisienne. Aidé de sa guitare, le chanteur, loin de ses groupies, prend des risques, prouvant, si besoin il y avait, ses qualités de leader. Ça swing, alors que quelques pieds tapotent le sol et que quelques bras s’agitent. Il faut rester calme pourtant et Dieu que c’est difficile. Ça sent le whisky et les longues discussions nocturnes. Après tout une bonne bande son suffit à faire appel à tous les sens. Elle crée son univers propre et si les images sont encrées dans les têtes elles sont pourtant palpables.

Sur scène c’est au tour de ce qui est annoncé comme un «Très grand Monsieur qui à inventé quelque chose à New-York il y a de ça 52 ans» de monter sur scène. Son nom? Mulatu Astake. Son invention? l’ethno-jazz. Le rendu? Sublime. D’ailleurs des tonnerres d’applaudissements viennent saluer une performance musicale qui fait écho à une histoire qu’on aurait aimé vivre.

 

Chaque musicien à droit à plus d’un passage sur scène mais c’est bien Alex Kapranos qui conclut, annonçant pour se faire et en français dans le texte qu’il interprétera « La dernière chanson de la soirée ». Vraiment ? C’est sans compter la fougue du public qui réclame son rappel. Avec un sourire, le chanteur lui accorde le temps d’un titre. Les salutations se font comme au théâtre, tout le monde remonte sur scène, profite des acclamations qui lui sont destinées. On en veut encore plus. Ce ne sera pas pour ce soir. Les plus fans pourront néanmoins revivre le show le dimanche 4 décembre dès 16 heures. Les autres n’ont plus qu’à quitter tranquillement la salle et courir écouter tout comme regarder cette fois la filmographie de Jim Jarmusch.

1 Comment

Write A Comment