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Julia Escudero

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Water From Your Eyes était de retour fin mai avec l’un des albums les plus innovants de l’année « Everyone’s crushed ».  Une pépite qui ne pourra pas séduire tout le monde tant sa structure et son parti pris sont loin de ce que l’on a l’habitude d’avoir dans les oreilles. Et pourtant, ce voyage pop expérimental qui touche au rock est une véritable force de frappe indé, inspirée, brillamment écrite et construite. Impossible donc de ne pas profiter du passage à Paris du duo pour parler musique et compositions avec eux. Au delà de la musique et de quelques blagues sur Sting, le groupe en profite pour faire le constat glacé d’une Amérique à la dérive à laquelle tout rêve a été arraché. On parle de livres bannis des écoles, des retraites, de communautés, des droits abolis en Floride, de liberté, de capitalisme et bien sûr de musique. Rencontre.

Water from your Eyes
Water from your Eyes
Popnshot : Parlons un peu de votre nouvel album « Everyone’s crushed », comment le décririez-vous ?

Nate Amos : J’espère excitant.

Rachel Brown : Potentiellement bon, potentiellement pas bon (rires)

Nate Amos : Je dirai qu’il nécessite une écoute active. Ça doit se faire de façon active si on veut bien comprendre ce qui se passe. Il a été conçu comme ça.

Popnshot : Il y a un énorme travail sur la structure, les rythmes s’intensifient, reviennent, c’est même le titre du premier morceau, « Structure »…

Nate Amos : Le premier morceau a été appelé comme ça parce que c’était le titre de notre précédent album. Il y a avait de côtés qui matchaient. Nous avions en tête lors de la création de ce nouvel album que nous ne voulions pas qu’il y aient deux parties comme sur le précédent . Le tout est équilibré mais pas dans un sens aussi strict que notre précédente sortie. Les rythmes titre par titre se sont fait de la manière où ils venaient. On n’a pas eu d’approche particulière. Certaines chansons sont très simples. Le titre éponyme lui est parfois trop compliqué.

La chanson parle du fait que pour aimer comme il faut les gens il faut apprendre à s’aimer.

Popnshot : Le titre éponyme est aussi le plus lumineux et le plus personnel des morceaux sur cet opus. De quoi parle-t-il ?

Nate Amos : C’est le seul morceau sur lequel j’ai beaucoup contribué aux paroles. D’habitude, j’ai surtout une seule phrase de moi. Sur celui là , j’ai écrit le premier couplet. D’ailleurs la démo, c’était la répétition de ce couplet en boucle. Cet album a été écrit en grande partie alors que j’essayais de devenir sobre. L’abus de substances représente une grande partie de ma vie pour un long moment. Ce morceau parle de ça. Être amoureux de personnes de façon romantique et non romantique, qui sont des stimulations dans ce moment. Mais ça peut être aussi douloureux d’aimer. Donc on utilise des substances pour supporter ça. Sans l’aide de ces dernières ça devient vraiment douloureux. L’idée c’est que sans, il faut apprendre à devenir sa propre personne. Dans mon cas, mes tendances auto-destructives ont blessé les gens que j’aime. Et malgré ça, ils m’aiment toujours. La chanson parle du fait que pour aimer comme il faut les gens il faut apprendre à s’aimer. C’est le seul titre de cet album qui est aussi honnête. Les autres morceaux ont parfois des blagues.

Popnshot : C’est pour ça qu’il donne son nom à l’album ?

Nate Amos : Ça vient du couplet du milieu. Rachel a réarrangé les paroles. C’est de là que vient le titre. Quand on a fini l’enregistrement ça semblait évident que ce serait le titre du morceau puis de l’album. Au début on ne savait pas si ça serait le centre de l’album ou un EP distinct. Et c’est devenu le titre de 4 morceaux au centre de l’opus.

Popnshot : L’album parle aussi de comment la vie peut être sombre et drôle à la fois. C’est important de trouver l’humour dans les situations les plus sombres pour vous ?

Rachel Brown : C’est important de rire dans les ténèbres. C’est important de vraiment faire l’expérience de chaque émotion mais si on se laisse ensevelir par celles qui sont négatives ça limite la joie et les émotions positives. Je pense que si on reste reconnaissant pour ce qui arrive de bien, là naît l’espoir dans les ténèbres. Ça aide de rire des situations les plus terribles. Je ne pense pas que je pourrai comprendre ce qui m’arrive sans pouvoir en rire. Rire me fait me sentir plus fort.e.

Même si Sting aimerait posséder des mots, il ne peut pas.

Popnshot :Vous avez aussi une chanson qui s’appelle « Barley » où vous avez mis un maximum de paroles de Sting sans que ce soit attaquable. C’est très drôle, pourquoi lui ?

Nate Amos : On travaillait sur nos paroles et sans le savoir Rachel a inclus des paroles qui ressemblaient beaucoup à celles de Sting.

Rachel Brown : Se sont les dernières paroles, j’ai écrit « Fields of Gold ». Un ami les a lu et il m’a dit : « Tiens comme la chanson de Sting » et je lui ai demandé : « De quoi tu parles ? » et il m’a fait écouter cette chanson. Ça nous a fait rire.

Nate Amos : On en a parlé parce que Sting est connu pour poursuivre facilement en justice les gens qui reprennent ses morceaux. Alors on s’est dit « Et si on utilisait un maximum des mots qu’il y a dans cette chanson sans la plagier ? ». Comme ça s’il l’écoutait, il entendrait tous ces mots mais il serait super énervé de ne pas pouvoir nous attaquer puisqu’on ne lui a rien volé, ce sont juste des mots. Et même si Sting aimerait posséder des mots, il ne peut pas. Je crois que le maximum de mots mis bout à bout comme dans sa chanson c’est cette fameuse dernière phrase, c’est marrant, c’est la seule que tu as écrit sans le savoir Rachel.

Rachel Brown : Et on a appelé le titre « Barley » (orge en français Ndrl) parce qu’il parle d’orge dans sa chanson. les champs d’or se sont des champs d’orge en fait. Mais on utilise jamais le mot « Barley » dans la chanson. D’ailleurs quand on donne le nom du morceau, les gens ne comprennent pas parce que ça n’a aucun sens. Sans la référence, on ne peut pas comprendre.

La seule liberté que tu as aux USA est celle d’acheter

Popnshot : Vous parlez aussi beaucoup dans l’album du capitalisme comme une opposition à la liberté. Pour vous, pourquoi ces deux notions s’opposent ?

Rachel Brown : Je ne sais pas si elle s’opposent, je pense qu’aux US, le capitalisme fait qu’il est impossible de faire quoi que se soit autre que travailler jusqu’à en crever en gros. Si tu ne nais pas avec de l’argent, tu dois absolument trouver un boulot qui va payer tes dettes que tu as eu en allant à l’école, pour avoir un boulot, pour avoir de l’argent pour payer ça. Je crois qu’aujourd’hui aux Etats-Unis, tu as juste la liberté d’acheter un million de produits différents. Par exemple, il y a tellement de type de céréales. La seule liberté que tu as est d’acheter mais ce que tu peux te permettre ce qui est si peu finalement. Tu ne peux pas acheter du temps parce que tu l’utilises pour bosser. La liberté s’est perdue. Tu as la liberté de peut-être devenir président (rires). Théoriquement ça tu peux faire. Mais dans les faits, c’est théorique, tu es condamné par ton passé. Si tu as pu changer de classe sociale, tu es une exception. Peut-être qu’avant c’était différent. Mais aujourd’hui je ne connais personne qui peut s’offrir une maison même avec un bon boulot.

Nate Amos : Il y a une cinquantaine d’années, tu pouvais peut-être. Le salaire d’un seul homme pouvait alors faire vivre une famille de 5, 6 personnes et envoyer les enfants à la fac. C’est si loin de la réalité de ce que sont les USA aujourd’hui. Maintenant, tu dois travailler si dur pour avoir une vie confortable. Aujourd’hui si tu n’as pas d’avantage de par ta famille ou tes amis ou des connexions, tu ne pourras pas avoir une vie qui était facilement atteignable il y 20, 30 ou même 50 ans.

Rachel Brown :Maintenant les gens doivent décider de s’ils veulent avoir des enfants ou s’ils veulent voyager et prendre des vacances. J’ai une amie qui me disait que le ou la partenaire qu’elle devra trouver devra gagner une certaine somme d’argent pour qu’elle puisse vivre la vie qu’elle imaginait. Avec ça, on se demande si le rêve américain est vivant ou s’il n’est pas un peu mort.

Popnshot : De l’étranger, il parait assez mort…

Rachel Brown : Ouai, il est vraiment mort (rires). Même les libertés individuelles, celles pour les femmes ont été enlevées. Une partie des états aux USA sont régis par des gouvernements fascistes.

Dans certains lieux, les gens sont très heureux d’avoir réussi en réaction à faire bannir la Bible pour vulgarité et violence.

Popnshot : D’ici ça fait peur de voir à quelle vitesse de nombreux états ont changé et basculé dans des lois visant à réduire les droits de certaines communautés.

Rachel Brown : Oui, en Floride, si ton gosse est trans ils peuvent t’envoyer en prison, et placer l’enfant. Ils ont banni énormément de livres. Il y a 4 à 5000 livres qui ont été jugés inappropriés pour les enfants. Et pourtant certains étaient assez banales. Si j’étais un.e conservateur.tric un peu fou, il y aurait des sujets que j’imagine je ne voudrai pas voir aborder dans les livres mais là certains ouvrages sont complètement lambda.

Nate Amos : C’est un gros sujet maintenant de s’opposer ça. Dans certains lieux, les gens sont très heureux d’avoir réussi en réaction à faire bannir la Bible pour vulgarité et violence. Parce que quand on utilise les matrices qu’ils utilisent pour faire bannir les ouvrages, quand on voit leurs critères, la Bible est horriblement offensive.

Rachel Brown : Je me sens si mal pour tous ceux qui habitent en Floride en ce moment. Je lisais un article sur un mec à Indianapolis qui passait devant la maison de quelqu’un et il y avait le chien de la famille dans la cours mais il n’avait pas de laisse. Le chien s’est approché de lui et il a tiré sur le chien dans sa tête, devant ses enfants. Et il n’a pas été poursuivi parce que le chien n’avait pas de laisse et il n’y avait personne autour donc ce n’est pas illégal.

Water from your Eyes
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Popnshot : La communauté artistique aux États-Unis, notamment dans la musique, elle réagit comment à tout ça ?

Rachel Brown : Il y a pas mal d’artistes qui créent par exemple des shows de Drag queens dans des états du type Tennessee ou Floride. Disney, qui n’est pas un artiste je sais, mais qui d’habitude ne fait rien, s’exprime là clairement contre le gouverneur de Floride parce que c’est là que Disney Land se trouve.

Nate Amos : Tu sais que ça ne va vraiment pas si Disney s’implique (rires).

Rachel Brown : On fait des compilations pour lever des sommes pour le droit à l’avortement. Il y a un groupe qui s’est formé à Atlanta pour lever des fonds pour les activistes et les contestataires. Mais il y a beaucoup d’arrestations. A Atlanta ils ont arrêté le groupe qui s’occupe des donations. Je pense que la musique est importante et que les gens font ce qu’il faut pour apporter des informations sur le sujet mais je pense que les choses ont été trop loin pour simplement faire ça. Il faut des actions directes, financières ou matérielles parce que même si on dit des choses, le gouvernement se fout de ce qui est dit. Et puis certains musiciens supportent les actions du gouvernement. Il y a un musicien qui a juste posté « Joyeuse pride » et des gens lui ont dit qu’ils n’écouteraient plus jamais sa musique. Genre il y a tellement d’artistes qui respectent mes valeurs. Le musicien a répondu « Cool, je ne veux pas de gens comme toi qui écouteraient ma musique. »

Je me doute que tous les pays ont leurs soucis mais les États-Unis sont en train de devenir un empire qui s’écroule.

Popnshot : Le fait de quitter le pays et de tourner en Europe ça te donne une autre perspective de ce qui se passe dans ton pays ?

Rachel Brown: Je n’étais jamais sorti.e des États-Unis avant l’an dernier. Mais je me suis rendue compte que les droits anti avortement, les massacres de masse dans les école ne se passent pas ici. Je me doute que tous les pays ont leurs soucis mais les États-Unis sont en train de devenir un empire qui s’écroule. Malgré toute la propagande qu’ils font sur le fait d’être un grand, merveilleux et magnifique pays, ça se voit.

Nate Amos : La façade s’effondre. Pas le pays mais la façade qui révèle la vérité. Le rêve américain s’effondre.

Rachel Brown : L’idée de pouvoir prendre sa retraite aux USA aussi. C’est incroyable de voir les protestations qu’il y a eu ici. C’est génial d’avoir fait ça parce que honnêtement quand je parle à mes amis, je ne pense pas que notre génération pourra prendre sa retraite. Je ne pensais pas que la sécurité, les avantages sociaux, les assurances maladie ce qui a été mis en place pour aider les gens à avoir une meilleure vie, sera toujours là quand on sera à l’âge de la retraite. Du coup aujourd’hui, on voit des communautés très actives pour aider les autres personnes de leur communauté. C’est sûrement lié au Covid quand le gouvernement USA a laissé tout le monde face à la mort. Le Minnesota est un bon exemple de ce qui peut être fait avec un vrai soutien aux communautés mais il faut dire que cet état a un gouvernement de gauche.

Water from your Eyes
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Merci à Water From Your Eyes et Beggars pour cette interview.

Le groupe sera de passage le 10 novembre dans le cadre du Pitchfork Festival au Supersonic Records.


Du 20 au 27 juin le cinéma américain et français, passé comme présent se dévoile sur les Champs-Elysées. Projections, tables rondes, masterclass, rooftop, Le Champs Elysées Film Festival fait la part belle à l’indépendance cinématographique du court au long métrage. Qu’avons nous retenu de cette édition ? Retour sur nos coups de cœur.champs elysées film festival 2023Mutt – Vuk Lungulov-Klotz

Mutt c’est l’histoire d’une journée dans la vie de Feña, jeune homme trans installé à New-York. Successivement au cours de ces 24h, il croise son ex qu’il n’avait pas vu depuis sa transition, sa sœur de 13 ans qui fuit les violences physiques et morales de sa mère et son père, venu recoller les morceaux avec son fils. Chacune de ces rencontres est fortuite et plonge Feña dans ses souvenirs et un passé qu’il tente à la fois d’oublier et de reconstituer. Ce film pose un regard frais et tendre sur la transidentité, tout en soulignant l’ignorance de certaines personnes à l’égard de la communauté trans. Que ce soit à la banque où Feña est qualifié de « madame » par la banquière ou la fameuse question du « t’as quoi entre les jambes? » (on pose pas cette question, s’il vous plait, merci), Feña fait face à la maladresse et aux micro-agressions auxquelles font face les personnes trans chaque jour. Mutt sort le 9 août prochain en salles.

Mutt-filmSometimes I think About Dying – Rachel Lambert

Dans Sometimes I Think About Dying, Fran mène une existence silencieuse, sans excitation et solitaire. Employée de bureau dans une petite ville côtière des États-Unis, elle rêve de liberté. Seulement, la liberté pour elle, c’est de s’imaginer morte. La pensée l’obsède et l’enferme dans un silence qui ne fait qu’amplifier le bruit des autres, omniprésent et envahissant. Fran n’est pourtant pas suicidaire, juste curieuse de voir ce que ça fait de mourir.  La palette de couleur beige, grise et brune souligne l’impression d’une existence vécue à la troisième personne, distancée de sa propre identité. Cependant, l’arrivée de Robert dans son bureau va perturber sa routine.

ROTTING IN THE SUN – sebastian silva

Délire cynique à base de kétamine, de disparition et de bites, le nouveau long-métrage de Sebastian Silva a de quoi dérouter. Le caméra épaule vive suit Sebastian, artiste junkie, et sa femme de ménage, Senora Vero. Après un court séjour sur la plage nudiste de Ziccatella, réputée pour les rencontres gay, Sebastian disparaît. Jordan, l’influenceur superficiel et super chiant rencontré sur là-bas part alors à sa recherche. Plein de nihilisme, d’humour tout noir et de volonté de rire de la merde qu’est l’homme, Rotting in the sun, laisse quelquefois son rythme moisir pour un résultat finalement plaisant, énergivore et caustique.

courts métrages français: invisibles de mathieu salmon et l’acteur de hugo david et raphael quenard

Sur cinq courts métrages présentés, nous en avons retenu deux : ceux donnés dans le titre (suivez un peu). Invisibles est un film de genre qui s’ancre d’abord dans le réalisme social du monde du travail pour ensuite mieux se faire trucider par des créatures invisibles. Les dialogues ne sont pas parfaits et le jeu de certains comédiens rappelle la mort de Cotillard dans The Dark Knight. Mais, la tension horrifique est brillamment entretenue jusqu’à la dernière image. Et mention spéciale aux effets spéciaux de grande qualité. Dans un tout autre genre, L’acteur, est un mockumentary hilarant suivant le tournage du (vrai) film Chien de la casse. Le faux acteur principal, imbu de lui-même et de son art, blablate un charabia absurde sur ses méthodes de jeu. Raphael Quenard, dans le rôle principal, livre une performance dévouée et désopilante et sert ce mockumentary aux codes très bien maitrisés. Puis il n’y a pas que l’humour, c’est aussi une réflexion décalée sur l’importance de comprendre ou non une oeuvre d’art, enfin on croit, on est pas sûrs d’avoir compris…

Dans les moyens métrages, mention particulière à Mimi de Douarnenez, mis en scène par Sébastien Betbede. Misant sur la carte de l’absurde pour donner un tempo comique faisant souvent mouche, les pérégrinations de cette jeune ouvreuse de cinéma prennent une tournure touchante dans sa scène finale, la thématique sous jacente du deuil avec lequel il faut apprendre prenant tout son sens d’une façon délicate.

Le livre des solutions de michel gondry

le livre des solutionsParmi les avants-premières phares du festival, Le livre des solutions est probablement la plus attendue. Premier long-métrage du réalisateur français depuis 20XX, la projection a de quoi ravir les fans du réalisateur d’Eternal Sunshine of the Spotless Mind et Be Kind, Rewind. Au programme: Pierre Niney qui incarne un réalisateur fantasque prêt à TOUT pour finir son film, un livre pleins de solutions pour mener ses projets à bout, une équipe de tournage (Blanche Gardin est monteuse) qui n’en peut plus, et beaucoup d’humour et de poésie. Ce film, c’est une autobiographie à 95% qui retrace un moment unique de la carrière du grand cinéaste qu’est Gondry aujourd’hui. Plein de surprises, de douceur et de fantaisie, le Livre des Solutions est un poème touchant, sans fioriture et particulièrement drôle: cela fait bien longtemps que nous n’avions pas entendu une salle rire autant. Sortie prévue en septembre 2023.

Texte : Pénélope Bonneau Rouis, Adrien Comar, Alexandre Bertrand, Julia Escudero


Ce weekend à Solidays, la fête était folle et a entrainé les festivaliers jusqu’au bout de la nuit. Les concerts ont permis de célébrer ces 25 années dignement. Au gré de déambulations sur l’immense site, retour sur nos coups de coeur du samedi et du dimanche et sur les lives qui resteront gravées dans nos esprits.

solidays 2023
©Maud Ferrari

Zaho de Sagazan

S’il ne fallait retenir qu’une performance de la totalité de l’évènement c’est bien celle de Zaho de Sagazan. L’an dernier, la chanteuse faisait partie de la sélection des Inouïs du Printemps de Bourges. Elle y faisait son entrée dans la cours des grands, retenant l’attention des experts. Aujourd’hui la voilà déjà propulsée à l’Olympia et son nom s’échange comme celui d’un joyaux qu’il faut connaître. C’est plus que mérité quand on voit ses immense qualité de performeuse. Sa progression dans sa gestion d’une scène touche à l’hallucinant. Il faut dire que son immense premier album « La Symphonie des éclairs » donnait le ton. Sobrement vêtue, avec un léger rouge à lèvre rouge, la musicienne mise tout sur ses qualités musicale, sa voix à part, sa simplicité évidente et son naturel. Point de grande mise en scène, elle n’a besoin d’aucuns artifices et compose un live qui va crescendo. Comme une certain Jeanne Added, Zaho construit son set sur une progression puissante, d’un départ doux porté par des balades sombres pour mieux monter dans les tours et offrir une note électro galvanisante en fin de set. De l’électro certes mais au service surtout d’une chanson française à la modernité affirmée. Que se soit dans ses thématiques, son approche féministe de la sexualité mais surtout dans ses sonorités : le mot d’ordre est là : la créativité, la pointe de ce qui se fait. La nouvelle scène française semblait tourner en rond, avoir ses têtes et se la jouer 80’s. Voici enfin venir le temps de son renouveau. Celle qui affirme en live avoir horreur des acclamations « Ca me gêne ! Arrêtez ça ! », mérite des ovations. Enfin un nouveau souffle, enfin une vraie proposition qui sort des cases. Merci à elle. Faites vous du bien, prenez vos places pour ses futurs concerts.

 

Hervé

Dire qu’un show d’Hervé est un plaisir de tout instant sonne comme une vérité absolue. Il suffit d’avoir déjà vu le monsieur sur scène pour savoir à quoi s’attendre. Sa présence sur la scène Dôme confirme son statut de valeur sûre. Hervé c’est un concentré d’énergie absolue porté par une voix de loubard. De la vitamine C injectée directement dans les oreilles. Le voilà qui comme toujours saute partout, virevolte inarrêtable. Hervé balance son électro-pop français et ses titres emblématiques portés par des cassures de rythmes bienvenuse. Son écriture est précise, sa capacité à gérer une scène l’est tout autant. D’ailleurs, malgré la chaleur écrasante, le public s’affaire au plus près de la scène pendant que certain.es profitent des mélodies allongés sur les pelouses. Malgré le nom de son premier single, Hervé ne va jamais piano.

solidays 2023
©Maud Ferrari

Oete

Tout comme Zaho de Sagazan, Oete faisait partie de la sélection des Inouïs tout juste une année plus tôt. Un grand cru quand on y pense. Au court de l’année l’oisillon a largement déployé ses ailes, pailletées les ailes d’ailleurs, puisqu’il sortait son tout premier album « Armes et paillettes ».  Sur scène, le chanteur qui ne cache pas sa joie d’être là ne lésine pas sur sa chanson française pour séduire et remettre au goût du jour ses idole de Daniel Darc à Niagara. « Le prochain morceau vous le connaissez sûrement. Je ne sais pas comment son vos idées mais voici les couleurs des miennes. » annonce-t-il avant d’entamer sa reprise bien sentie d' »Idées Noires » de Bernard Lavilliers et Nicoletta, autre de ses idoles. Une chanson française dense et obscure qui fait mouche avec le répertoire claire-obscure de notre musicien. Ses références, il les assume en chantant « Merci d’avoir vécu », un hommage émouvant qui leur est dédié. Oete a appris a maitrisé sa scène, sortir de sa carapace et se donner pleinement à son public avec aisance. Lorsque son single « La tête pleine » débute, la chose est certaine : le poète a fait son bout de chemin. Nombreux.ses son ceux à le connaître par coeur. Un moment intense, puissant à retrouver cet été sur de nombreux festivals.

 

Le Femme

Habitués des festival, La Femme ne manque jamais de faire mouche. Il faut dire que les génie de composition de ses deux fondateurs y est pour beaucoup. Si le titre « Sur la planche 2013 » est celui auquel le grand public pense à l’évocation de son nom, le groupe a offert un panel de compositions hallucinant, sortant constamment de ses cases pour mieux se redéfinir. Sur scène, le génie excentrique en est. Des costumes tirés aux quatre épingles, des choristes aux chignons aussi hauts que ceux de Marie-Antoinette et un Marlon Magnée surexcité qui s’offre un bain de foule dès le deuxième titre, le spectacle est leur image. On passe en revue le classique « Où va le Monde ? » son efficacité chanson et ses rythmiques dansante pour retrouver l’univers pluriel du chef d’oeuvre de la formation : l’album « Paradigme ». « On a sorti un album en espagnol » lancent ceux qui préparent une série d’albums à travers le Monde, avant de commencer « Sacatela ». L’humour toujours sur les bout des lèvres « On vend nos albums là-bas, dis que tu viens de ma part tu auras une remise. », le groupe mériterait des heures de set, ne serait-ce que pour mieux plonger dans leur capacité à se réinventer, hors sentiers, albums après albums.

solidays 2023
©Maud Ferrari

Angèle

C’était l’un de moments les plus attendus de 2023, le passage de la super star Angèle sur la scène Paris le dimanche soir. Malgré la quantité de concerts que je peux faire, je n’avais pas eu l’occasion de retrouver Angèle depuis son passage aux Nuits Secrètes 2018. A l’époque, la jeune chanteuse se positionnait délicatement derrière son piano, se fondant avec grâce derrière ses musiciens. Evidemment, les choses ont complètement changées. Angèle est devenue une bête de scène, une show girl à part entière. Dans sa robe rouge, elle excelle par sa qualité vocale, la douceur de son timbre est là, c’est ce qui porte une grande partie de ce show millimétré. La chanteuse communique volontiers, danse, ondule avec une aisance digne des pop stars made in USA. Angèle explique chaque titre « Parce que c’était la Pride hier, parce que ce message est toujours essentiel », elle interprète son titre « Ta Reine » en brandissant le drapeau arc-en-ciel . Elle ajoute que ce morceau qui a changé sa vie est « Toujours si important pour moi et pour d’autres. » Les effets de mise en scène sont nombreux comme lorsqu’elle se filme avec son I-phone en diffusant les image à travers un téléphone dessiné sur les écrans géants. Elle sautille, bondit et ponctue ses titres de petits cris. Le public est conquis.  Normal, Angèle sait séduire avec grâce, sensibilité mais surtout professionnalisme. Elle ne manque d’ailleurs pas d’interpréter son large répertoire et passe en revus ses singles phares : « Tout oublier » passe en milieu de set alors que les hits s’enchaînent crescendo en fin de prestation. « Fever » fait danser l’assistance et c’est évidemment « Balance ton quoi » qui conclut la performance pour permettre à Paris « d’emmerder le patriarcat ».  Le tout hippodrome danse volontiers alors que la chanteuse confit qu’elle aurait aimé pour l’audience qu’il fasse un peu moins chaud. Elle fait pourtant grimper le thermomètre à son apogée.


MaMA Festival 2023 annonce

Alors que le mois de juin annonce le début de la saison des festivals et profite d’une offre variée en propositions open air, le plus automnal des évènements parisiens, Le MaMA Music et Convention en profite pour doucement se préparer. Il promet une nouvelle édition placée comme toujours sous le signe de la découverte au gré de déambulations dans le 18ème arrondissement et le quartier de Pigalle. Et comme chaque année le programme fait mouche. Il ne faut pas s’y tromper l’évènement à le nez creux, repère les talents, annonce les carrière et offre toujours de très beaux moments de scènes.

Outre les nombreux concerts, ce festival pour le moins indispensable est l’un des plus beaux rassemblements professionnels de la musique en France. Entre les lives, rencontres, échanges, ateliers et conférences s’adressant à ses participants.

Prenez dès à présent vos agendas et notez les dates du 11 au 13 octobre en rouge, vous ne voudriez pas manquer cette grande fête.
Les premiers grands débats ont été annoncés. Parmi eux, on retrouve : un sujet sur les SMAC: La Fin d’un modèle ? Mais aussi des thématiques actuelles liées aux enjeux numériques : la synchro aujourd’hui: états des lieux et tendances, L’hybridation demain: 3D,virtuel et métavers, Avec l’IA, aujourd’hui est déjà demain IA, futur désirable pour la musique?un Keynote dédié à l’artiste montante Zaho de Sagazan et des réflexions sur les enjeux écologiques : Mobilité des artistes versus sobriété écologique: Faut-il interdire le succès ? enfin Jauges évènementielles: faut-il désindustrialiser le live?

MaMA Music & Convention 2023 : demandez le programme

MaMA-Festival_Astereotypie-Paris_2022
Astéréotypie – MaMA 2022 – Crédit photo : Louis Comar

Côté concerts, la liste fait déjà envie. Se succèderont sur les nombreuses scènes des plus belles salles de la capitale :

ANNIE. /ADAA/ AUNTY RAYZOR /BADA-BADA/ BRIQUE ARGENT/ CLAIR/ CLAUDYM /DAMLIF /DEMAIN RAPIDES /FERNIE / JOAO SELVA / KID BE KID / LA VALENTINA/ LEON PHAL / LISA DUCASSE / LOVERMAN / MADDY STREET /MADEMOISELLE LOU / MALVINA / MARCEL / MICK STRAUSS / MIKI / NATHALIE DUCHENE / PSYCHO WEAZEL / SIERRA / SIMONY / TECHNOBRASS / TH DA FREAK / THE HOLY / THOMAS GUERLET / TOKSA / TRAIN FANTOME / TRAMHAUS / WHIM THERAPY

On vous conseille dores et déjà de vous préparer en écoutabt ADAA, Fernie, Loverman, Maddy Street et TH DA FREAK, nos coups de cœur.