Encore une demi-année à patienter avant le retour de la nouvelle saison de Game of Thrones sur HBO lors de l’été 2017… G.R Martin ne semble pas disposer à se presser pour écrire le 6ème tome « The Winds of Winter« …. Bref, pour tout fan du Trone de Fer, c’est un peu une période de loose en ce moment. Mais, au fait, vous connaissez le jeu de cartes? Un jeu de deckbuilding. Un jeu de quoi?! keskécé? Pour Pop & Shot,  Jerem’ vous dit tout ...

 

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Deckbuilding : Origins

Les jeux de cartes de « deckbuilding » sont apparus en 1993 avec la sortie du jeu Magic : l’assemblée créé par Richard Garfield. C’est un jeu de cartes à jouer et à collectionner plus simplement appelé « Magic » aujourd’hui. Le jeu se distingue d’un jeu de cartes classique par le fait que chaque joueur vient avec son propre paquet de cartes (appelé « deck » dans le langage spécifique issu de l’anglais ou « bibliothèque » en français mais ce terme est très peu utilisé) construit selon certaines règles bien précises avec les cartes issues de sa collection. A l’origine, le principe était alors de s’affronter lors d’un duel. Avec le temps, le jeu s’est développé et d’autres variantes de règles sont apparues afin d’étendre les possibilités et parfois de jouer à plusieurs dans une même partie.

L’aspect à collectionner du jeu vient quant à lui du format de commercialisation. Les joueurs achètent des paquets de 15 cartes semi-aléatoires (appelé « booster« ). Les cartes peuvent être classifiées par rareté et un booster contient une carte rare ou mythique, trois inhabituels, dix communes et un terrain de base. Les joueurs achètent donc des boosters pour se constituer leur collection à partir de laquelle ils construisent leur deck afin de jouer. C’est de ce format de commercialisation que vient le terme « CCG » (Collectable Card Game aussi appelé « TCG » pour Trading Card Game) aujourd’hui employé pour désigner ce type de jeu. Cet aspect à collectionner a poussé les joueurs à s’échanger des cartes sur un principe très simple de troc pour que chacun puisse améliorer son deck avec des cartes qu’il ne possède pas. Cela a donné aussi petit à petit un autre format de commercialisation sous forme de vente de cartes à l’unité avec une cote dépendant de la rareté de la carte et de sa puissance dans le jeu (donnée parfois subjective).

 

Evolution du jeu de « deckbuilding »

Très vite, la popularité du jeu grandit, provoquant chez les joueurs un côté espoir addictif, de la même manière que l’on remplit une grille de loto. Allez, j’achète encore quelques boosters, cette fois je l’aurais cette carte. Le jeu rencontre un succès commercial bien plus grand qu’espéré mais il va rapidement être question de renouvellement. En effet, une fois que les joueurs ont obtenu les cartes qu’ils souhaitent, ils n’achètent plus de booster. C’est alors que l’éditeur va sortir régulièrement des extensions, à la manière des décriés DLC actuels dans l’univers du jeu vidéo. Hop, de nouveaux boosters apparaissent remplis de cartes totalement inédites que l’on ne peut avoir que dans ceux-ci et non dans les boosters de base. Et cela fonctionne, les achats se multiplient et le nombre de joueurs grandit.

Forcément, un tel succès ne passent pas inaperçu, d’autres éditeurs se penchent sur le format, achètent éventuellement une licence connue pour prendre une avance marketing, et lance leur propre jeu pour surfer sur la vague créée par Magic. Beaucoup de ces nouveaux jeux ne fonctionnent pas, c’est notamment le cas de Netrunner. Certains jeux vont réussir à perdurer dans le temps profitant souvent de la notoriété d’une licence (Pokémon, Yu-Gi-Oh, World of Warcraft, etc.) et existent parfois encore aujourd’hui. Mais bonne licence ne rime pas forcément avec succès et nombreux sont ceux à rapidement s’arrêter comme les jeux Dragon Ball Z ou Star Wars par exemple.

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Game of Thrones rentre dans la danse du deckbuilding

Fantasy Flight Games (FFG) est un éditeur américain de jeux qui se lance également dans la création de CCG en 2002 mais comme tant d’autres, le succès est très limité. Devant le marché qui semble bouché, FFG va alors créer un tout nouveau format de commercialisation tout en gardant le concept de jeu de deckbuilding. Ils vont ainsi arrêter l’édition de l’un de leur CCG, Game of Thrones, et le refaire partir de zéro. Ils gardent les règles principales du jeu, plus complexe qu’un Magic orienté très grand public, pour continuer à s’adresser à une population toujours geek mais plus mature et vont y adapter un nouveau format d’édition. Plus question de boosters, les joueurs achèteront une petite extension, appelé « chapitre », qui contiendra toutes les nouvelles cartes. Ici, plus d’aléatoire, plus de frustration, le joueur sait ce qu’il achète. C’est ainsi qu’en 2007, née le LCG (Living Card Game ou Jeu de Cartes Evolutif en français)

Pour le joueur, ce format est très économique. Certes le chapitre coûte 15€ contre 4€ en moyenne pour le booster de CCG, mais l’aspect non aléatoire et le rythme de parution mensuel en fait un coût régulier facile à contrôler dans un budget. En comparaison, les CCG sortent en général une extension par trimestre mais où la dépense peut s’élever à plusieurs centaines d’euros d’un coup avant d’obtenir les cartes souhaitées. Bref, ici FFG adapte sa politique commerciale pour atteindre la même cible que vise les règles de son jeu, un public plus adulte, visant des investissements plus réfléchis et moins impulsifs. Et c’est un succès. Ils arrêteront alors leurs autres CCG et ne sortiront plus que des jeux de cartes sous ce nouveau format et seront même parfois imité.

Le format LCG

C’est cet aspect financier qui m’a fait m’intéresser au format LCG alors que ça faisait déjà plusieurs années que je jouais à des jeux de deckbuilding. J’aime particulièrement l’aspect préparation du deck avant même la partie, chercher les meilleures combinaisons possible, trouver de nouvelles idées que personne n’a eue et voir comment les rendre efficaces, réfléchir carte par carte afin d’optimiser le fonctionnement en partie, trouver le petit détail qui fera la différence contre les decks les plus fréquemment rencontrés. C’est sur ce travail en amont que le CCG me frustrait particulièrement car je ne pouvais avoir toutes les possibilités si je ne possédais pas toutes les cartes, et posséder toutes les cartes coûtent une petite fortune. Le format du LCG permet d’avoir tout, sans avoir un effet de « celui qui investit plus, gagne plus souvent. » Ça reste avant tout un plaisir ludique qui se doit de satisfaire les joueurs dans leur ensemble et non une partie seulement. Et ça se ressent lorsque l’on joue, la communauté me donne une impression moins frustrée grâce au pied d’égalité sur lequel partent les joueurs. Ça donne alors des rendez-vous conviviaux, souvent dans un bar, à « taper le carton » tout en discutant et rigolant.

Les parties se déroulent. Au fil des victoires et défaites on évalue ce que vaut notre deck, si on ne pourrait pas mieux le jouer pendant la partie, à moins que certains choix de cartes ne conviennent pas. On repart chez soi la tête pleine d’idées, on modifie. On revient au rendez-vous suivant afin de voir si cela fonctionne mieux et ainsi de suite jusqu’à ce que de nouvelles cartes sortent environ un mois plus tard. Ce type de jeu offre un renouvellement perpétuel, il y a constamment quelque chose de nouveau à explorer, à essayer, à peaufiner. L’investissement financier peut paraître grand pour de simples bouts de carton mais au final, rapporté au nombre d’heures de loisirs, de détente que cela apporte, le coût financier est finalement bien faible. Et il y a enfin ce qui n’a pas de prix, les rencontres que cela permet. Certains ne seront que des copains de jeu de cartes, mais quelques-unes de ces rencontres deviendront de franches et longues amitiés.

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Game of Thrones en jeu de cartes : Avis 

Et Game of Thrones dans tout ça ? Et bien c’est le jeu auquel je joue principalement depuis 2010. A l’époque, je ne connaissais pas l’univers, la série n’était pas encore sortie d’ailleurs, et ce que j’ai aimé avant tout c’est que le jeu était plus mature, de par son ambiance plus sombre et de par ses règles plus complexes, plus abouties. Le jeu ne s’adresse pas à un public en partie adolescent voir enfant comme la plupart des jeux de ce type. Il s’adresse à un public adulte et jeune adulte. C’est d’ailleurs par le jeu que j’ai découvert les romans puis la série. Ça m’a donné envie d’approfondir tant ça me passionnait. Jouer me plaisait, mais c’était également l’occasion de m’intéresser à un univers que je ne connaissais pas, à son auteur et petit à petit à tout ce qui tournait autour de ça. De plus, le jeu était riche et les possibilités nombreuses. Et là, je dis « était » car ça s’est légèrement détérioré aujourd’hui. Les règles sont toujours aussi bien, mais la conception de certaines cartes a malheureusement connu quelques erreurs, déséquilibrant la puissance des différentes familles et donc rendant le jeu moins intéressant pour le moment. Malgré tout, je continue car cela reste toujours un plaisir de rencontrer des personnes, ou de retrouver ses amis pour faire une partie. Et puis il y a ce plaisir de voyager à chaque carte jouée. Chacune d’entre elle est associée à un souvenir dans les romans, la série, donne envie de relire des chapitres voir un livre complet. C’est pour cela que je dirais que ce jeu n’est pas réservé qu’au connaisseur de l’univers. Au contraire, il peut être un bon moyen d’attiser la curiosité et quel plaisir quand, dans l’histoire, on croise pour la première fois la carte qu’on aime tant jouer. C’est comme cela que j’ai découvert et je ne le regrette pas. C’est un bon moyen de revivre les différents plaisirs par d’autres biais.

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