A 14 ans, on rêve (ou bien est-ce moi?) de projecteurs et d’une carrière dans le cinéma. Une vie d’actrice tuée dans l’œuf par ce qu’on appelle communément la réalité – quel vilain mot.

Quelques 14 ans plus tard (déjà?), le hasard me propose un grand rôle dans une série allemande : Figurant 12. Voilà une chance à saisir sans hésiter.

crédit: Julia Escudero
crédit: Julia Escudero

C’est par le téléphone arabe que j’entends parler de l’offre, un ami de la mère d’un ami qui apprend qu’on cherche des figurant dans une petite ville de la Loire pour une série allemande. En pratique, les choses se font rapidement, l’équipe du casting demande simplement l’envoie par mail de quelques informations basiques et d’une photo. Très vite on m’apprends que la journée sera rémunérée 75 euros. De plus, il faut venir équipé de trois tenues vestimentaires différentes.

Le jour J, il faut se présenter très tôt sur la plateau. On sait finalement peu de choses de l’œuvre qu’on tourne, un titre uniquement, sa nationalité- allemande donc pour ceux qui n’ont pas suivi- et c’est à peu près tout. L’accueil se fait dès 8 heures, la charmante chargée de casting vient nous accueillir et nous invite à nous rendre au catering. Pour ça il faut traverser un long parcours en suivant le canal, là où d’ici peu de temps les premières scènes seront filmées. Il fait froid, tout le monde est emmitouflé dans de gros gilets. Sur place un food truck métallique s’occupe de ravitailler toute l’équipe. Au programme, café, jus de fruit, charcuterie, viennoiseries, petits pains, œufs, saumon, concombre … rien ne manque à l’appel pour réussir le petit déjeuner idéal. Pendant que certains profitent du buffet, d’autres passent le contrôle de la costumière. Aidée par une assistante à la traduction, cette dernière étudie scrupuleusement les tenues apportées par chaque figurant. Ceux qui devront se changer sont invités à le faire dans une camionnette. Pas de soucis pour moi de ce côté là, ma tenue est validée.

crédit: Julia Escudero
crédit: Julia Escudero

Les autres figurants sont également majoritairement des amateurs, seul l’un d’entre eux qui a quelques répliques, a déjà participé à d’autres projets cinématographique.

Il est enfin l’heure de filmer… pour les acteurs principaux. Une expérience de figuration c’est avant tout beaucoup de patiente… Tout le monde n’est pas utile à chaque plan. En attendant, l’équipe nous invite à nous installer dans un café. Les consommations sont également aux frais de la production.

A peine, un café plus tard, je suis nécessaire (n’ayons pas peur des grands mots) à une scène. Là encore, la costumière a son mot à dire. Je suis en noir, l’actrice également, il me faut donc me changer. J’enfile une veste en jean et une écharpe violette qui me sont prêtées. Des instructions simple me sont ensuite données. Marcher à contre sens des actrices principales (une jeune fille et une vieille dame en fauteuil roulant) en flânant le long du canal. Des péniches y ont été positionnées. Le plus difficile reste d’éviter de bousculer l’équipe technique qui court avec ses caméras à contre sens de ma marche. La prise est faite, refaite, re- refaite. A chaque fois, il faut marcher, sembler flâner… Le réalisateur, prend néanmoins le temps de nous saluer et nous féliciter pour le travail. Ensuite, il faut tourner la suite de la scène. Le plan suivant est pris face à l’actrice, je suis donc de dos, supposée m’éloigner. Là encore , les prises se succèdent. Cette fois, pour moi, il est néanmoins compliqué de savoir quand s’arrêter. De loin et de dos, impossible d’entendre le « Coupé » en allemand dans le texte. Satisfait du résultat, le réalisateur qui multiplie ses prises remercie chaleureusement son équipe. Une fois, le travail terminé, il est temps de regarder la nouvelle scène tournée. L’équipe de production s’affaire à donner vie à la scène. Chargée de production, costumier, assistant réalisateur, tout ce petit monde suit une mécanique bien roulée et fascinante à regarder. Quelques acteurs français sont également de la partie. Après tout la fiction étant tournée en France, elle nécessite l’intervention d’un casting de chez nous.

Difficile d’en apprendre beaucoup quant au scénario. Quelques questions permettent néanmoins d’apprendre qu’il s’agit de l’histoire d’une dame âgée, séparée de son amant par la guerre, qui revient sur les lieux où elle a vécu sa grande histoire. Elle apprend alors que l’homme de ses rêves est toujours en vie et part à sa recherche.

crédit: Julia Escudero
crédit: Julia Escudero

 

L’heure de la pause déjeuner approche. Là encore le buffet est somptueux entre salades, pâtes végétariennes et lasagne, desserts, soda à volonté et café. Elle est néanmoins de courte durée. Si l’équipe se mêle volontiers aux figurants, il faut maintenant signer les autorisations de droit à l’image et repartir sur le tournage. Les scènes défilent doucement et se tournent par ordre chronologique. Notre star du petit écran français (on me murmure qu’il a joué dans la série « Les Bleus ») joue le jeu des photos et des autographes. Ceux qui ne souhaitent pas en avoir et ne tournent pas, flânent simplement dans l’herbe. Un assistant lâche même « On aurait dû vous prévenir de venir avec un livre ! Être figurant c’est surtout attendre. » Une attente qui touche néanmoins à sa fin. Ceux qui ont déjà tourné peuvent rentrer. Une enveloppe de compensation financière leur est remise. D’autres dates de tournage sont prévues et déjà, nombreux sont ceux à souhaiter y participer. Après tout , le cinéma, c’est plutôt sympa.

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